Le pisciniste Desjoyaux investit dans sa production pour regagner de la marge
17/02/2023Après trois années de croissance record, le pisciniste ligérien Desjoyaux a enregistré un léger tassement de son activité en 2022. Pour contrer le contexte géopolitique et inflationniste peu propice au développement de son activité et de ses marges, la PME familiale poursuit ses investissements avec en ligne de mire l’internalisation de certaines fabrications et un projet de centre de tri de déchets plastiques.
Douche froide pour les piscines Desjoyaux. Après trois années de croissance record qui lui ont permis de passer de 102,7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019 à 160,9 millions d’euros en 2021, le concepteur et fabricant de piscines ligérien a connu un coup d’arrêt en 2022. Alors qu’il escomptait à mi-parcours une croissance de 5 % de son chiffre d’affaires, l’industriel a terminé finalement l’exercice en très léger retrait, à 160,5 millions d’euros.
Un recul attendu sur 2023 mais des marges retrouvées
En France, le nombre de bassins « équivalent 8×4 » a enregistré une baisse significative de près de 10 %, compensée par la hausse des tarifs et l’augmentation du panier moyen, qui au final font ressortir le chiffre d’affaires en progression de 2,47 %. C’est à l’international que le ralentissement a été le plus brutal, avec une baisse de 20 % du nombre des bassins et un recul de 4 % du chiffre d’affaires. « Nous avons subi de plein fouet le contexte géopolitique international et inflationniste. La hausse des prix des matières, couplée à celle des prix de l’énergie, fait que nous avons eu un tassement de notre activité. Sur l’exercice 2023 en cours, nous aurons sans doute un recul », estime Jean-Louis Desjoyaux, le PDG de l’entreprise familiale.
Bien entendu, ce tassement d’activité n’a pas été sans conséquence sur le résultat net du groupe, passé à 21,3 millions d’euros en 2022 contre 25,5 millions d’euros en 2021. « Nous avons eu une baisse de marges mais nous allons les reconstituer cette année en réaugmentant les prix mais aussi en poursuivant nos investissements et en réinternalisant massivement certaines étapes de notre production », affirme le PDG.
25 millions d’euros engagés dans l’outil industriel
À l’automne 2021, Desjoyaux a engagé un vaste plan d’investissement de 25 millions d’euros sur son sile de La Fouillouse, dans la Loire. Ce plan comporte la réalisation, en cours, d’un nouvel entrepôt de stockage et d’expédition semi-automatisé, de nouveaux locaux communs (vestiaires et réfectoire) pour le personnel, de nouvelles machines à injection (10 millions d’euros d’investissement), de nouveaux moules mais aussi la création d’un nouvel atelier doté d’une ligne de production (plus d’un million d’euros d’investissement) dédié à la fabrication et l’ensachage de certains produits.
« Nous allons internaliser la fabrication de certains de nos produits comme la petite visserie, étais et boulons de piscine, que l’on faisait fabriquer jusqu’à présent en Chine. Nous allons redévelopper cette production et remplacer l’acier par le plastique pour s’affranchir de la dépendance à la Chine », détaille Jean-Louis Desjoyaux.
Le plan d’investissement de 25 millions d’euros, qui doit se terminer en 2024, prévoit aussi la réalisation d’un nouveau bâtiment dédié à la R & D « qui verra le jour un peu plus tardivement », précise le dirigeant.
Le pisciniste investit chaque année près de 3 millions d’euros par an dans la R & D, pour innover sur les matériaux et sur les systèmes de filtration et d’assemblage.
20 millions en plus dans un centre de tri de déchets plastiques
Ce qui n’était pas prévu et qui vient d’être rajouté, c’est la création d’un centre de tri de déchets plastiques ménagers. « Nous allons recevoir des balles de polypropylène et polyéthylène provenant de centres de tri. Nous allons les trier, les laver, les broyer, les sécher, les dépoussiérer, les déferriser et les extruder pour les injecter ensuite dans les structures de nos piscines », détaille Jean-Louis Desjoyaux.
En transformant les déchets plastiques ménagers en matière première, la PME devrait à terme abaisser ses coûts de production de manière drastique. « De l’ordre de 30 % », assure le PDG du groupe familial, qui va investir « une vingtaine de millions d’euros » dans ce centre de tri. « Sous trois mois, nous allons déposer un permis de construire pour un bâtiment de 5 500 m2. Le temps de construire les machines qui iront avec, la mise en service devrait intervenir à la fin 2024 », précise-t-il.
50 % à l’export sous cinq ans
Stratégique à long terme, ce nouvel investissement viendra compléter le panel des solutions mises en place par l’industriel ligérien pour mieux maîtriser ses approvisionnements, ses coûts et, in fine, ses marges. Mais pour reprendre les chemins de la croissance, la PME familiale va aussi donner un coup d’accélérateur sur son développement commercial.
« Nous allons continuer à ouvrir de nouveaux magasins en France mais aussi sur toutes nos filiales à l’étranger. C’est le nerf de la guerre », estime Jean Louis Desjoyaux, qui ambitionne d’atteindre les « 200 magasins en France sous deux ans » (contre 182 aujourd’hui et 450 au niveau mondial). À l’international, le réseau devrait lui aussi grossir sur les 5 filiales du groupe implantées au Brésil, aux États-Unis, en Allemagne, en Italie et dans la péninsule ibérique (Espagne et Portugal).
Desjoyaux, qui réalise pour l’heure 40 % de son chiffre d’affaires à l’export, ambitionne d’atteindre les « 50 % sous cinq ans ».
Le bien-être pour relais de croissance
Enfin, le fabricant de piscines est aussi attentif aux nouvelles tendances du marché. Si la problématique foncière, avec des terrains de plus en plus petits, a conduit l’entreprise ligérienne à adapter ses produits à la demande croissante de bassins 5×2 et 4×2 mètres, la nouvelle tendance est aussi au bien-être.
« Les clients veulent des bassins de plus en plus petits et avec de plus en plus de fonctionnalités. La nage à contre-courant, c’est bien, mais il faut aller au-delà. Nous travaillons sur des produits de massage, par pression et dépression, des produits de réduction de la cellulite, de massage de voûte plantaire. La question du bien-être fait partie de notre stratégie de développement », assure le dirigeant. Et de conclure : « Au départ, cela restera une niche mais forcément, cela va se développer au fil des années. Et on se doit d’être présent sur ces marchés. »
Article paru dans Le Journal des Entreprises
Journaliste : Gilles Cayuela