Accueil > Toutes les actualités

Desjoyaux : aux sources du succès

09/09/2020

« Le pisciniste de la plaine du Forez a conquis la planète bleue à force d’audace et de savoir-faire. Forte de bientôt 55 ans d’existence, la société Desjoyaux est devenue le leader mondial de la piscine enterrée tout en demeurant une affaire familiale. Récit d’une aventure au long cours. »

Dans les années 1990, les piscines Desjoyaux ont été les premières à s’afficher dans des publicités à la télévision, comme pour accompagner la démocratisation des équipements de loisirs aquatiques. Un pari qui a bien fonctionné. « C’est vrai, nous avons toujours fait preuve d’audace, mais une audace calculée qui a payé », analyse sobrement Jean-Louis Desjoyaux, satisfait. Et l’audace, chez Desjoyaux, a commencé très tôt.

« En 1966, mon père, qui était passionné de natation, a construit à nous, ses enfants, une piscine. A l’époque, c ‘était novateur, on en voyait qu’à Hollywood ! » se souvient l’entrepreneur.


Malgré la concurrence des des artisans-maçons et des vendeurs de coques en polyester, le pisciniste Desjoyaux reste leader dans sa catégorie.

Histoire d’une réussite

Quand on demande à l’actuel dirigeant les raisons du succès de l’affaire familiale, il en note principalement deux. En premier lieu, « nous venons du monde du bâtiment. Avant d’être piscinistes, nous étions maçons et carreleurs » Autrement dit, chez Desjoyaux, on connaît le métier, on n’est pas que des vendeurs de rêve bleu.
Ensuite, c’est le virage réussi vers la robotisation dans les années 1970 qui a déclenché le succès national puis mondial. « Après sa première piscine en 1966, mon père, Jean, a essayé à peu près toutes les techniques possibles. En 1974, on a commencé à industrialiser le procédé sur un premier site à La Fouillouse et plus tard sur un second. »

Le concept des piscines Desjoyaux, c’est un coffrage en polypropylène, démontable, qui peut être placé dans des containers et envoyé au bout du monde. Ce sont 2 000 tonnes du matériau qui sont extrudées chaque année à La Fouillouse. C’est aussi un procédé de filtration sans canalisation, breveté dès 1983,« qui nous a permis d’être 1er en France, puis en Europe, puis dans le monde », résume le dirigeant.

L’entreprise n’a jamais cessé d’innover, de déposer des brevets, de se positionner sur tous les marchés, de l’entrée de gamme au très haut-de-gamme, du particulier aux grands groupes hôteliers.
En 2016, Desjoyaux a lancé Mobipool, un bassin flottant qui se pose sur des étendues d’eaux impropres à la baignade. Un an plus tard, elle commercialisait Kity, une piscine en kit à petit prix à monter soi-même. Ce concept permet aussi de répondre au manque de main d’œuvre spécialisée pour la construction.

Succès mondial

Aujourd’hui, l’entreprise compte 165 points de vente en France et sept filiales à l’étranger.  «5000 personnes travaillent pour nous dans le monde. Mais nous n’avons volontairement aucune franchise, seulement des revendeurs avec lesquels nous sommes sous contrat d’exclusivité. »

L’entreprise réalise 35 % de son chiffre d’affaires à l’export, dans 80 pays,« et on espère atteindre 50 %, dans les cinq ans », pronostique le dirigeant. Et d’égrainer la liste des pays qui fonctionnent bien, avec les derniers chiffres sous les yeux. « On cartonne en Allemagne », commence le patron, avant de citer la Belgique, l’Italie, la République tchèque ou l’Espagne.

Les piscines Desjoyaux connaissent aussi un beau succès au Moyen-Orient (Qatar, Koweït, Irak, Égypte…), en Afrique (Maroc, Cameroun…). Le marché asiatique est stable, « mais on a augmenté en Malaisie », Le marché asiatique est stable, « mais on a augmenté en Malaisie », signale-t-il, presque étonné.

La piscine de demain

Pour pouvoir rester au sommet de la hiérarchie, l’entreprise se doit d’anticiper les innovations de demain, en premier lieu sur l’impact environnemental. « Si demain tous les matériaux plastiques venaient à être interdits, oui, il faudra se tourner vers d’autres solutions », admet l’entrepreneur. Et d’ajouter sans détour, « les piscines avec des têtards où vous pouvez choper un staphylocoque, je n’y crois pas trop » La plus grosse tendance qui se dégage est à chercher dans le format.  « Aujourd’hui, les terrains sont de plus en plus chers, de plus en plus petits donc la taille des piscines s’est réduite. On fait souvent des bassins de 1,20 à 1,40 m de profond et du 10 ou 8 m de long x 5 ou 4 m de large. L’avantage, c’est que l’entretien est moins cher.»

Le marché s’oriente donc vers des petites piscines avec des équipements de bien-être intégrés. La diversification est également une piste creusée par l’entreprise, à commence par le spa « même si ce n’est pas notre cœur de métier », reconnait-ii. L’entreprise commercialise aussi robots nettoyeurs, chaises, décoration de piscine et autres matériels de bord d’eau.

Enfin, les piscinistes devront s’atteler à être présent et performant sur le marché de la rénovation, « devenu un gros business. On change le liner et le groupe de filtration, le reste ne bouge pas. Nos piscines répondent même aux normes antisismiques.

Une famille de… terriens

A ce jour, 75 % de l’entreprise est encore entre les mains de la famille. « Mon fils Nicolas me succédera », annonce déjà Jean-Louis. Et c’est sans compter les autres membres de la famille qui œuvrent à des postes stratégiques, en France comme à l’étranger.

La fabrication ? C’est 100 % made in La Fouillouse. « Dans mon métier, je ne produis pas plus cher ici que si je fabriquais à Shanghai. Pour arriver à cela, nous avons robotisé à outrance mais tout en continuant à créer des emplois. Nous sommes 250 à La Fouillouse et nous continuons à augmenter les effectifs. A aucun moment je n’ai songé à délocaliser l’entreprise. Sauf si demain on devient un pays communiste – dans ce cas-là j’irais au Luxembourg – je reste ! », enchaine-t-il, provocateur.

L’attachement de la famille Desjoyaux au territoire n’est pas feint. « Nous sommes amoureux de la plaine du Forez et de ses étangs. J’élève des charolaises à Chalain-le-Comtal et je suis même abonné à Paysans de la Loire », conclut le dirigeant.

Article paru dans Paysans de la Loire –
David Bessenay